Yvette KOHLER

 

ADIF 45 yvette kohler 2008 04 26

Yvette Kohler (au centre) le 26 avril 2008

Photo D.R. Benoît Momboisse

 


 

 

Yvette KOHLER nous a quittés le 28 juillet 2008.

 

Quelques jours avant son décès, à l’hôpital Percy de Clamart, avec le courage que nous lui connaissions, elle faisait des projets pour les mois à venir – je l’écoutais le coeur serré– « Parce que l’honneur de vivre était en jeu, mes compagnes ont fait face et aucune n’a jamais regretté le choix de la Résistance ».


C’est  ainsi que Geneviève DE GAULLE associait les Résistantes Déportées à l’hommage qu’elle rendait à Jeanne d’ARC, lors des fêtes orléanaises qu’elle présidait en 1977. À ses côtés se tenait Yvette, une de celles dont elle évoquait la force d’âme. En effet, bien jeune, notre amie s’était engagée dans le Réseau LIBE-NORD du Loiret, où elle vivait dans une famille qui ne supportait pas la présence de l’occupant.

Ainsi, en 1943, elle avait accepté une mission de renseignement auprès d’un architecte orléanais, gestapiste notoire, dont les dossiers n’avaient guère d’intérêt sur le plan architectural, mais étaient destinés à la gestapo. C’était une occasion inespérée d’aider la Résistance. Devenue suspecte aux yeux de son employeur, Yvette du le quitter et entrer alors dans une fabrique de pièces détachées destinées à l’aviation  allemande. Des camions transportant ce matériel seront attaqués par ses amis de la Résistance. Quelle satisfaction pour elle qui avait donné toutes les coordonnées de ces transports !!

Participant aussi à l’aide apportée aux réfractaires, elle sera dénoncée par l’un d’eux en juillet 1944, et connaîtra la prison d’Orléans. Après un court séjour à Romainville, elle rejoignit une centaine de femmes dans un wagon à bestiaux pour une plongée hallucinante dans l’univers concentrationnaire, dans le sinistre camp de Neue-Bremme, avant de découvrir Ravensbrück, où elle devint, le 15 août, le stück 51 344.

Puis, dans un de ces transports que nous craignions tant, elle quitta Ravensbrück pour le kommando de Belzic (au sud-ouest de Berlin) où, au  travail en usine, succédaient des travaux de terrassement jusqu’à l’épuisement total. Cet épuisement n’empêcha pas, qu’en avril 1945, avec ses compagnes, Yvette soit jetée sur les routes pour une marche de la mort.

50 années plus tard, un des sauveurs (prisonnier de guerre) de leur petit groupe de Déportées mourantes, témoignera ainsi : « Singulièrement endurcis par la guerre, il nous fallait faire un effort surhumain pour ne pas montrer l’horreur qui nous saisit devant ces femmes en haillons, blêmes, décharnées, aux visages terreux et ravagés. Hébétés, nous ne trouvions aucun mot devant l’insoutenable spectacle, nous qui croyions avoir souffert ! »

Yvette, soignée par des G.I., retrouva la France, accueillie par les siens avec un immense bonheur. Mais son retour à la vie fut difficile, il y avait beaucoup d’absentes parmi ses camarades de la Résistance et de la Déportation.


 

Quatre enfants seront accueillis dans la joie dans le foyer qu’elle créait avec son cher mari. Malgré sa charge de mère de famille, elle va très vite donner de son temps aux Associations qui regroupaient les Déportés et les Résistants.

Tout d’abord, apportant une aide efficace à ses camarades, elle accepta d’être déléguée du Loiret de l’Association des Anciennes Déportées et Internées de la Résistance. Puis, malgré de dures épreuves et de très sérieux ennuis de santé, elle devint Présidente de l’ADIF- FNDIR, et celle des Médaillés de la Résistance de son département.

Chaque année, même en 2008, avec intelligence, elle s’est impliquée dans le Concours de la Résistance et de la Déportation afin de transmettre aux élèves et à leurs professeurs, à travers son expérience douloureuse, les raisons du juste combat qui fut le sien.

Nous, ses compagnes, nous gardons au fond de nos coeurs, le souvenir d’une soeur généreuse et tous ceux qui l’ont connue ne doivent pas oublier qu’elle avait affronté les risques quotidiens d’une action clandestine, en engageant sa liberté pour l’honneur de la France.

 


 

Jacqueline FLEURY-MARIÉ

 

 

 

 

 

 

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UNADIF - FNDIR