Noëlie DELRIEU

Madame Noëlie Delrieu, Déportée-Résistante, vient de nous quitter à l'âge de 90 ans.

Monsieur Marc Sauvaget, Président de l'ADIF 09 nous communique l'allocution du Colonel Jean Mauger, Président de la SMLH.

 

OBSEQUES DE MADAME Noëlie DELRIEU

CHEVALIER DE LA LEGION D’HONNEUR

Le 29 août  2014 à BAULOU (Ariège)

 

ALLOCUTION PRONONCEE PAR LE COLONEL JEAN MAUGER

PRESIDENT DE LA SOCIETE DES MEMBRES DE LA LEGION D’HONNEUR

 

 

Madame DELRIEU,

 

En tant que Président de la SOCIETE DES MEMBRES DE LA LEGION D’HONNEUR de l’Ariège, Société dont vous faisiez partie, il me revient le douloureux privilège de vous rendre le dernier hommage.

Je le fais avec d’autant plus de ferveur, que je le rends à une ancienne Déportée-Résistante, particulièrement émérite, qui a connu l’enfer du Camp de Concentration de RAVENSBRÜCK et MAUTHAUSEN.

 

Je vous le rends, non seulement au titre de la Légion d’Honneur, mais aussi à celui :

des Médaillés militaires,

des Médaillés de la Résistance française,

de la Fédération Nationale des Déportés et Internés de la  Résistance,

des Combattants Volontaires de la Résistance.

 

Ainsi qu’au nom de tous vos amis, qui sont ici présents pour vous prouver leur attachement.

 

Pour concrétiser cet hommage, vous voyez, autour de votre cercueil les drapeaux de nos Associations.

 

 

Madame DELRIEU NOËLIE,

 

Il est difficile pour un président de trouver au dernier moment les éléments pour retracer une vie, car les personnes qui ont vécu ces drames sont toujours discrètes, pudiques et réticentes à les relater. Pourtant ces témoignages sont indispensables pour connaître et transmettre la vérité de l’Histoire.

 

Vous êtes née en 1924 dans une famille de cultivateurs qui réside au BAULOU, dans une ferme isolée, LE PORTEL. Vous avez deux sœurs, Marie-Jeanne et Gilberte.

 

En mai 1944 vous avez 20 ans, c’est la guerre. Votre ferme isolée est un endroit idéal pour aider la Résistance, dans laquelle votre famille s’engage. Elle héberge et nourrit des maquisards, dans les heures les plus sombres de l’occupation. Une réunion de maquisards se tient dans la ferme de vos parents, mais par suite d’une dénonciation la gestapo débarque à 7 heures du matin le 13 mai, vous êtes tous arrêtés et votre ferme est incendiée.

 

Et pour motifs d’hébergement des maquis de l’Armée Secrète, de ravitaillement et liaison des maquis de BAULOU, SAINT JEAN DE VERGES et LA BASTIDE DE SEROU, vous êtes emprisonnée d’abord le 23 mai à la prison de FOIX après être passée par Lauquié. Puis vous allez commencer le long et le douloureux calvaire qui va vous amener vers les Camps de Concentration, le 1er juin à TOULOUSE puis le 31 juillet vous arrivez à RAVENSBRÜCK et en février 1945 à MAUTHAUSEN. Vous êtes libérée le 15 avril 1945.  Votre mère, votre sœur Marie-Jeanne et vous, êtes revenues de ce que l’on appelle l’enfer, votre sœur Gilberte est décédée en déportation et votre maman était si affaiblie qu’elle a été transportée dans un hôpital en SUISSE pour y être soignée où votre père est allé la chercher en septembre 1945.

 

 

Madame DELRIEU Noëlie,

 

Votre magnifique engagement dans la Résistance, a été récompensé par la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre 1939-1945, la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance et la Croix du Combattant. A côté de ces magnifiques décorations, j’ai déposé la Palme de la Légion d’Honneur, cette Palme de l’excellence qui perpétuera à jamais sur votre caveau, votre appartenance à cet ordre prestigieux de la Légion d’Honneur.

Avec votre départ, nous voyons, petit à petit, la disparition de cette deuxième génération du feu, qui a sacrifié une grande partie de sa jeunesse pour défendre le pays et s’engager contre l’occupant.

Vous avez en cela, suivi l’exemple de la première génération du feu, celle de 1914 – 1918, dont l’engagement a permis à la France, de conserver ce qui fait aujourd’hui sa grandeur, et prouver que l’engagement pour des valeurs et des principes n’est jamais vain.

 

C’est à nous, ceux des troisièmes et quatrièmes générations du feu, qui n’avons connu que les combats de l’Algérie et des interventions extérieures de la France, à veiller à ce que l’on n’oublie pas vos sacrifices. Nous devons la mémoire aux disparus, aux survivants ainsi qu’à leur famille. Notre reconnaissance est ainsi une exigence de justice.

 

Nous avons le devoir de préserver, d’enrichir la mémoire de votre engagement et des sacrifices que vous avez consentis, et de la transmettre aux nouvelles générations, pour que ceux qui ont lutté et souffert pour que la France vive, ne soit pas oubliés à cette époque où on a trop tendance à remettre en cause, et de plus en plus, toutes les valeurs fondamentales, le passé colonial et l’Histoire de la France auxquels  vous avez participé, et où l’on ne respecte plus rien, ni les personnes, ni les biens, ni les valeurs, nous devons tout mettre en œuvre pour ne pas leur donner une deuxième mort, celle de l’oubli.

 

Madame DELRIEU,

 

Dans quelques instants vous allez quitter l’église pour rejoindre votre dernière demeure.

Adieu Madame, reposez en paix après cette vie si bien remplie au service de votre pays et de votre famille.

Avec considération et modestie nous nous inclinons respectueusement devant votre dépouille.

Nous vous quittons avec d'autant plus d'émotion que vous étiez la dernière déportée de l'association ADIF de l’Ariège , nous ne vous oublierons jamais .

A votre famille, nous présentons nos sincères condoléances. Qu’elle trouve dans ces mots l’expression de notre respectueuse amitié et de notre profonde sympathie.

 

Nous inclinerons une dernière fois nos drapeaux sur votre cercueil à la sortie de l’église, pour un dernier hommage, en signe de respect et de considération, pour l’héroïque Résistante que vous avez été.

 

Adieu Madame.

 

 


L'UNADIF et la FNDIR présentent leurs plus sincères condoléances à toute la famille de notre Amie Noëlie Delrieu.


Gérard Bocquery

Secrétaire général adjoint

 

 

UNADIF - FNDIR