Michel SCHERER

 

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Michel Schérer est né le 7 décembre 1923 à Remiremont (Vosges) d’un père

ancien officier issu du rang, lui-même né à Remiremont, reconverti dans la

mécanique et l’électricité à l’issue de la première guerre mondiale, et d’une

mère originaire de Saint-Dié.


Michel Schérer passe l’essentiel de sa jeunesse à Senones où son père est

chef de l’entretien à la manufacture à partir de 1930. Il a une sœur, son ainée,

et un frère, le benjamin.


En 1940, Michel a dix-sept ans. Pendant les années de guerre, il poursuit ses

études à Epinal, à l’école de filature.


En octobre 1944, il est en stage chez Boussac à Senones. Alors que de

nombreux parachutages d’armes ont lieu dans la région, le bruit court que les

Allemands vont procéder à de grandes rafles.

Les jeunes hommes doivent se mettre à l’abri et prendre le maquis.

Il n’en aura pas le temps. Il est arrêté avec 400 autres hommes le 5 octobre 1944.


Transportés au camp de Schirmeck en camion, ils sont emmenés dans des

wagons à bestiaux à Dachau où ils arrivent le 21 ; ils sont alors dépouillés de

tout et on les vêt de vieux habits avec, cousu dans le dos, un carré rayé bleu et

blanc.


Le 24, nouveau transport, pour Auschwitz cette fois. A Birkenau / Auschwitz 2,

le bras de Michel est tatoué du numéro 200896.

Suit une période de travaux forcés dans les marais de la Vistule à Monowitz /

Auschwitz 3 :

terrassement et pose de rails. Le travail est dur, il fait très froid et la nourriture est

exécrable.


Le 18 janvier 1945, à l’approche des Russes, alors que les déportés du camp

sont évacués vers d’autres camps, il se cache à l’infirmerie et parvient à éviter

le départ.

Il est découvert et libéré par les Russes le 27 janvier.


Suit alors un long retour vers la France. Habillés par les libérateurs d’effets

d’uniforme russes, Michel Schérer et ses compagnons partent à pied pour

Cracovie le 4 février, puis à pied et en train vers Lublin et enfin Odessa,

au bord de la mer Noire.

Le 24 avril, il embarque sur un navire norvégien en partance pour Marseille

où il arrive le 29.

Le lendemain, il est à Paris. De ces mois de captivité, Michel gardera une

santé assez fragile, avec des problèmes récurrents de l’appareil digestif,

et la volonté de rester debout face aux difficultés.


Il termine ses études en 1945 puis est embauché à l’usine de Vincey. C’est là

qu’il fait la connaissance de sa future épouse Micheline, originaire de Châtel-

sur-Moselle.

Le mariage  a lieu le 15 février 1949.

De ce mariage naîtront trois enfants, Dominique, l’aînée, Patrick, disparu

tragiquement dans sa cinquième année, et Eric.


Poussé par une Résistante déportée du Thillot, madame Munch, Michel s’investit

dès les années 1960 dans la vie associative des anciens déportés et y prend

progressivement des responsabilités.

Se sentant investi du devoir de faire partager sa connaissance de la déportation,

il intervient régulièrement à partir des années 1980 dans les collèges et les lycées.

La tragédie dont il a été témoin et acteur ne doit pas se reproduire… Jusqu’à la fin

de sa vie, même après le décès de son épouse en mars 2010, qui le meurtrit

profondément, il témoigne devant les jeunes générations et participe activement

aux cérémonies et commémorations.


Titulaire de la médaille du déporté politique, pour son action il est fait Chevalier de

l’Ordre national du Mérite en avril 2005.

 

Il décède le 24 août 2013.


Il laisse le souvenir d’un homme discret mais engagé au service de la mémoire.

 

 

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