Michel DEPIERRE
Michel Depierre lors d'une cérémonie-hommage aux Déportés
L'ADIF-FNDIR de l'Oise à la profonde tristesse de vous apprendre le décès, à l'âge de 88 ans, de Michel Depierre, Déporté-Résistant, survenu le 10 octobre 2014 à Noyon.
Michel Depierre est né le 22 juillet 1926 à Villers-Vermont dans l'Oise.
Très jeune résistant, membre de l'Organisation civile et militaire (OCM), il rejoint le maquis des Usages, près de Noyon.
En juin 1944, après une attaque allemande du maquis, il se réfugie à Caisnes et est caché par des agriculteurs.
Mais dénoncé par un Français à la solde des Allemands, le 20 juillet 1944 (l'avant-veille de ses 18 ans), il est arrêté à Noyon, menacé d'être fusillé, après plusieurs séances de passages à tabac, il est finalement emprisonné à Compiègne.
Puis, mi-août, c'est le transfert au camp du Royal Lieu, le Frontstalag 122, d'où il sera extrait le 17, transporté en camion du camp jusqu'à la forêt de Compiègne, où les troupes allemandes ont dissimulé un train. Les 1 255 internés passent la nuit dans les wagons de marchandises. Le 18 août le train part pour les déporter vers le KL Buchenwald. Ce sera le dernier train au départ de Compiègne pour ce camp.
Arrivé à Buchenwald le 21 août 1944, Michel Depierre devient le matricule 81 350, et travaillera durant des mois à Dora (la mangeuse d'hommes), à l'assemblage des V1 et des V2.
Libéré le 8 avril 1945, après une convalescence, il reprend les études et fait une brillante carrière d'ingénieur dans les Ponts et Chaussées.
Michel Depierre était titulaire de nombreuses décorations :
- Chevalier dans l'Ordre national de la Légion d'honneur,
- Officier dans l'Ordre national du Mérite,
- Médaille militaire,
- Croix de Guerre,
- Croix du Combattant,
- Croix du Combattant volontaire,
- Croix du Combattant volontaire de la Résistance,
- Médaille de la Déportation pour faits de Résistance.
L'ensemble des membres de l'ADIF-FNDIR de l'Oise renouvelle ses plus sincères et attristées condoléances à Madame Josette Depierre, son épouse, sa fille Sophie, ses petits-enfants, son arrière-petit-fils et à toute sa famille.
Les obsèques de Michel Depierre auront lieu le mercredi 15 octobre 2014, à 10h30, en la cathédrale de Noyon.
Suivant le souhait de la famille, ni fleurs, ni plaques.
Gérard Bocquery
Président de l'ADIF-FNDIR de l'Oise
Témoignage-vidéo de Jacques Vigny et Michel Depierre : https://vimeo.com/20614306
Mercredi 15 octobre 2014, 18 Drapeaux étaient présents à la cérémonie d'obsèques de notre Ami Michel Depierre
Allocution du Colonel Louis LEDANOIS, Président de l’Union des Mutilés, Réformés et Anciens Combattants 14/18 – 39/45 – TOE – AFN – UMRAC Section de Noyon.
Allocution prononcée en la cathédrale de Noyon, mercredi 15 octobre 2014, lors des obsèques de Michel DEPIERRE, Déporté de la Résistance, Membre de l’ADIF-FNDIR de l’Oise.
« Nous voici rassemblés dans notre Cathédrale Notre-Dame de Noyon, qui a traversé des siècles de notre Histoire locale, et pour toujours reste pour nous la Maison du Père et haut lieu de mémoire.
Aujourd’hui, Associations patriotiques, Anciens Combattants, Médaillés militaires, Légion d’honneur, Résistants, Déportés, Souvenir français et ses Amis et compatriotes du pays du noyonnais sont réunis pour rendre hommage à Michel DEPIERRE et témoigner à sa famille la part qu’ils prennent à leur grande douleur.
Michel DEPIERRE mon Ami d’enfance, citoyen exemplaire, dernier Résistant déporté. Nous souhaitons que tu restes dans la mémoire des générations futures de la communauté noyonnaise.
Né en 1926 dans une famille nombreuse, il va connaître dans son enfance et son adolescence des années difficiles et austères dans une société en conflit, qui allait conduire à la désastreuse défaite de 1940. Noyon ville morte, de longues années d’occupation, de privations, de servitude. Répondant à l’Appel de l’Homme du Destin, du Général de Gaulle, se constitue alors dans le noyonnais, un mouvement de Résistance, pour participer à la libération du Pays avec les Forces alliées (groupe de maquis « Usages Crisolles », dépôts d’armes, aides aux aviateurs US tombés sur notre territoire). Ce qui va provoquer la réaction des forces de l’occupant et de brutales répressions, Maquis Usages, arrestations, prison, internements au camp de Royallieu, puis convois dirigés en août 1944 vers les camps nazis en Allemagne où ils vont subir des conditions de vie inhumaines : C’était la solution finale imaginée par une idéologie totalitaire et démoniaque. En mai 1945, enfin libérés, les survivants rejoindront leurs familles, brisés et épuisés, mais avec la grande volonté de participer à la reconstruction du Pays dévasté.
Michel DEPIERRE participera à cette période des « 30 glorieuses » qui apportera la prospérité à la communauté noyonnaise. Il se mariera, fondera une famille. Responsable des Services de l’Equipement, il rendra une aide efficace à nos Concitoyens.
Pour Services rendus à la Nation : il sera distingué : Chevalier de la Légion d’honneur, Médaille militaire, Officier de l’Ordre national du Mérite, Croix de guerre, Médaille du Combattant volontaire de la Résistance, Médaille de la Déportation pour faits de Résistance.
Michel, tu as rejoint la Cohorte de ces gens d’honneur qui nous ont quitté ces temps derniers et qui avaient lutté pour la défense de nos libertés, pour des valeurs de Justice et de Fraternité. Nous ne l’oublierons pas…
Michel, à l’évocation de ta vie, tu nous laisses aussi un grand message d’Espérance, car ta force de caractère et ta FOI CHRETIENNE affirmée, t’ont permis d’affronter les dures épreuves de la vie, imposées par le destin. Tu ne fus pas épargné : tes enfants qui te précéderont dans la mort, la maladie de tes proches, tes souffrances physiques, l’affaiblissement de tes forces qui te conduiront à l’handicap et la solitude du grand âge.
Michel, ce chant pathétique et tragique « CHANT DES PARTISANS », qui, en fin de cérémonie t’accompagnera jusqu’au parvis de la Cathédrale, comme un symbole, c’est la reconnaissance que nous, peuple noyonnais, nous vous devons, Vous, « les Combattants de l’Ombre » qui doivent rester dans nos mémoires. Je citerai Roger BELLOT, Lucien ROOS, Max BREZILLON.
Comme un rappel, particulièrement aujourd’hui, où notre Société, notre Culture, nos règles de vie subissent à nouveau la menace d’idéologies totalitaires et hégémoniques pouvant porter atteinte à nos libertés et conduire à la barbarie. Ici, en ce lieu sacré s’élève la fervente prière de tous tes Amis et Concitoyens réunis.
Les Drapeaux et Etendards de tes vieux Compagnons Anciens Combattants Résistants, qui s’inclinent sur ton linceul, sont le dernier hommage que nous te devons.
Adieu Michel notre compagnon de jeunesse
Adieu notre Frère d’Arme, Résistant valeureux
Adieu notre Frère dans LE CHRIST, que le Seigneur miséricordieux t’accorde sa Protection. »
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