Marie-Jeanne AMARDEILH

 

Madame Marie-Jeanne Amardeilh, Déportée-Résistante est décédée le mercredi 22 janvier 2014.


ALLOCUTION PRONONCEE par le COLONEL Jean MAUGER

PRESIDENT de la SOCIETE des MEMBRES de la LEGION d’HONNEUR de l'ARIEGE

lors des obsèques de Madame AMARDEILH, célébrées vendredi 24 janvier 2014 à BAULOU (09)

 

Madame AMARDEILH,


En tant que Président de la SOCIETE DES MEMBRES DE LA LEGION D’HONNEUR de l’Ariège, Société dont vous faisiez partie, il me revient le douloureux privilège de vous rendre le dernier hommage.

Je le fais avec d’autant plus de ferveur, que je le rends à une ancienne Déportée-Résistante, particulièrement émérite, qui a connu l’enfer des Camps de Concentration de RAVENSBRÜCK et MAUTHAUSEN.


Je vous le rends, non seulement au titre de la Légion d’Honneur, mais aussi à celui :

des Médaillés Militaires,

de la Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance,

des Médaillés de la Résistance française,

des Combattants Volontaires de la Résistance,

des Déportés, Internés et Familles de Disparus.


Ainsi qu’au nom de tous vos amis, qui sont ici présents pour vous prouver leur attachement.


Pour concrétiser cet hommage, vous voyez, autour de votre cercueil les drapeaux de nos Associations.



Madame AMARDEILH MARIE-JEANNE,


Il est difficile pour un président de trouver au dernier moment les éléments pour retracer une vie, car les personnes qui ont vécu ces drames sont toujours discrètes, pudiques et réticentes à les relater. Pourtant ces témoignages sont indispensables pour connaître et transmettre la vérité de l’Histoire. Et pour vous je n’avais rien, mais grâce à quelques personnes, Madame PORTET, Madame DURIN, Monsieur SAUVAGET, j’ai pu reconstituer l’essentiel de votre parcours.


La Dépêche de ce matin en a tracé quelques lignes, en se basant sur un livre de Monsieur NADOUCE. Elle doit dans quelques jours faire paraître un résumé plus long, je sais que tous vos amis le liront avec recueillement.


Vous êtes née le 26 août 1921 dans une famille de cultivateurs qui réside au BAULOU, dans une ferme isolée, LE PORTEL. Vous avez deux sœurs, Noëlie et Gilberte.


En mai 1944 vous avez 23 ans, c’est la guerre. Votre ferme isolée est un endroit idéal pour aider la Résistance, dans laquelle votre famille s’engage. Elle héberge et nourrit des maquisards, dans les heures les plus sombres de l’occupation. Une assemblée de maquisards se tient dans la ferme de vos parents, mais par suite d’une dénonciation la gestapo débarque à 7 heures du matin le 13 mai, vous êtes tous arrêtés et votre ferme est incendiée.


Et pour motifs d’hébergement des maquis de l’Armée Secrète, de ravitaillement et liaison des maquis de BAULOU, SAINT JEAN DE VERGES et LA BASTIDE DE SEROU, vous êtes emprisonnée d’abord le 23 mai à la prison de FOIX après être passée par Lauquié. Puis vous allez commencer le long et le douloureux calvaire qui va vous amener vers les Camps de Concentration, le 1er juin à TOULOUSE puis le 31 juillet vous arrivez à RAVENSBRÜCK et en février 1945 à MAUTHAUSEN. Vous êtes libérée le 15 avril 1945. Votre père, votre mère, votre sœur Noëlie et vous êtes revenus de ce que l’on appelle l’enfer, votre sœur Gilberte est décédée en déportation et votre maman était si affaiblie qu’elle a été transportée dans un hôpital en SUISSE pour y être soignée où votre père est allé la chercher en septembre 1945.



Madame AMARDEILH,


Votre magnifique engagement dans la Résistance, a été récompensé par la Croix de Chevalier dans l'Ordre national de la Légion d’Honneur, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre 1939-1945, la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, la Croix du Combattant Volontaire et la Croix du Combattant. A côté de ces magnifiques décorations, j’ai déposé la Palme de la Légion d’Honneur, cette Palme de l’excellence qui perpétuera à jamais sur votre caveau, votre appartenance à cet ordre national prestigieux de la Légion d’Honneur.

Avec votre départ, nous voyons, petit à petit, la disparition de cette deuxième génération du feu, qui a sacrifié une grande partie de sa jeunesse pour défendre le pays et s’engager contre l’occupant.

Vous avez en cela, suivi l’exemple de la première génération du feu, celle de 1914 – 1918, dont l’engagement a permis à la France, de conserver ce qui fait aujourd’hui sa grandeur, et prouver que l’engagement pour des valeurs et des principes n’est jamais vain.


C’est à nous, ceux des troisième et quatrième génération du feu, qui n’avons connu que les combats de l’Algérie et des interventions extérieures de la France, à veiller à ce que l’on n’oublie pas vos sacrifices. Nous devons la mémoire aux disparus, aux survivants ainsi qu’à leur famille. Notre reconnaissance est ainsi une exigence de justice.


Nous avons le devoir de préserver, d’enrichir la mémoire de votre engagement et des sacrifices que vous avez consentis, et de la transmettre aux nouvelles générations, pour que ceux qui ont lutté et souffert pour que la France vive, ne soit pas oubliée à cette époque où on a trop tendance à remettre en cause, et de plus en plus, toutes les valeurs fondamentales, le passé colonial et l’Histoire de la France auxquels  vous avez participé, et où l’on ne respecte plus rien, ni les personnes, ni les biens, ni les valeurs, nous devons tout mettre en œuvre pour ne pas leur donner une deuxième mort, celle de l’oubli.


Madame AMARDEILH,


Dans quelques instants vous allez quitter l’église pour rejoindre votre dernière demeure. Adieu Madame, reposez en paix après cette vie si bien remplie au service de votre pays et de votre famille.

Avec considération et modestie nous nous inclinons respectueusement devant votre dépouille.

A Madame PORTET, qui s’est occupée de vous, à votre sœur Noëlie, à votre nièce et à votre famille, nous présentons nos sincères condoléances. Qu’elles trouvent dans ces mots l’expression de notre respectueuse amitié et de notre profonde sympathie.


Nous inclinerons une dernière fois nos drapeaux sur votre cercueil à la sortie de l’église, pour un dernier hommage, en signe de respect et de considération, pour l’héroïque Résistante que vous avez été.


Adieu Madame.

 

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Allocution transmise par Monsieur Marc SAUVAGET, Président de l'ADIF de l'ARIEGE

 

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