Louis MOUROT

C'est avec tristesse que nous vous apprenons le décès de notre ami Louis Mourot, Déporté-Résistant, survenu dimanche 7 février 2016 à Aix-les-Bains (73), à l'âge de 92 ans.

 

Précédemment membre de l'ADIF-FNDIR de Côte d'Or (21), il avait rejoint l'ADIF-FNDIR de Savoie en 2014-2015.

 

Louis était durant la Seconde Guerre mondiale, officier des Forces Françaises Combattantes, avant d'être arrêté et déporté.

 

Louis Mourot était Commandeur dans l'Ordre national de la Légion d'honneur au titre de Déporté-Résistant,

 et titulaire de :

La Croix de Guerre 1939-1945 avec Palme,

La Croix du Combattant volontaire de la Résistance,

La Croix du Combattant 1939-1945

La Médaille de la Déportation pour faits de Résistance,

La Médaille d'Or de la Ville de Nancy pour faits de Résistance.

 

Les obsèques de Louis Mourot ont été célébrées à Aix-les-Bains (73).

La cérémonie d'inhumation a eu lieu à Nancy (54), jeudi 11 février.

Jean-Pierre Pesson, Président de l'ADIF-FNDIR de Meurthe-et-Moselle, et son Porte-Drapeau représentaient nos associations UNADIF-FNDIR.

 

ADIF 73 MOUROT Louis inhumation Nancy

 

La cérémonie fut empreinte de beaucoup d'émotion. Cinq Porte-Drapeaux entouraient son cercueil pour un dernier adieu.

Au moment de la bénédiction, le chant Nuit et Brouillard a été entonné "a capella" par l'assistance.

 

La FNDIR et l'UNADIF renouvellent leurs plus sincères condoléances à toute sa famille.

 

 

 

 

Louis MOUROT

 

 

Né en mars 1923, Louis Mourot fut élevé dans une famille chrétienne et patriote : il grandit en Lorraine, ce territoire meurtri par tant de guerres successives qui ont laissé dans les familles des traces indélébiles, des cicatrices dont il a été très tôt le témoin : un Père blessé au front en 1914-1918, une mère infirmière-major dans les tranchées.

 

Il grandit entre deux guerres : la montée du nazisme qu’il pressentait aboutit à la déclaration des hostilités, l’invasion de la France et de nombreux pays européens mis à feu et à sang.

 

Dès juillet 1940, jeune étudiant bachelier, et en réaction à une occupation qu’il ne supportait pas, il créa avec trois copains le premier mouvement structuré de résistance dans l’Est de la France : « DP - Défense de la Patrie ».

 

Il avait alors 17 ans… son jeune âge, sa volonté, ses racines mais aussi sa force de caractère et son courage lui permirent de recruter, et de constituer une filière d’évasion qui fonctionnait du nord de la Lorraine jusqu’au Doubs, en direction de la Suisse : dans les 3 premières années, ce sont plus de 360 évadés qui échappèrent ainsi aux griffes des nazis.

 

Renseignement, stockage d’armes, sabotages, constitution de maquis… cette résistance se bâtit grâce aux contacts étroits qu’il sut, malgré son âge, établir, organiser et structurer avec des copains de résistance, parmi eux des gendarmes beaucoup plus âgés que lui : il racontait non sans humour que ceux-ci ne connurent jamais sa véritable identité avant son arrestation… En 1942, les contacts étaient noués avec le réseau Combat.

 

Le 29 septembre 1942, il fut dénoncé, arrêté, torturé à la prison Charles III de Nancy : devant son mutisme, et malgré les simulacres d’exécution, les passages à tabac, les sévices que la Gestapo lui infligea, il se fit un honneur de ne jamais révéler les précieux renseignements que les allemands auraient voulu lui extorquer. Condamné à mort à 19 ans, il s’était juré de crier « vive la France » juste avant son exécution.

 

Son silence permit de sauver la vie de nombre de résistants, et de sauvegarder les cellules actives de son réseau qui contribuèrent aux actions du réseau Combat-Nord des Forces Françaises de l’Intérieur (région C) lors de la libération du territoire national.

 

Condamné à la déportation, il fut emprisonné dans l’antichambre de la mort à Compiègne, d’où il partit en wagon à bestiaux en janvier 1943 pour le camp de concentration de Sachsenhausen-Oranienbourg près de Berlin : camp de concentration-école des SS, édifié dès 1933 pour mâter la résistance allemande. Il se retrouva alors dans un enfer sur la terre, peuplé de cadavres ambulants soumis aux pires sévices d’un esclavage inhumain, où la mort était omniprésente, ou l’épuisement, la faim, les épidémies, le froid… furent son lot quotidien : comment survit-on à de tels traitements ? Lui-même était incapable de l’expliquer. Mais dans ses rares confidences sur cette période terrifiante, ses proches ont compris que sa foi chrétienne, le sens qu’il donnait à ce combat de résistance et la camaraderie des déportés entre furent déterminants pour éviter de sombrer dans la détresse ou la folie.

 

Après avoir passé plus de 1 000 jours dans cet enfer, il fut libéré le 19 mai 1945 à proximité de Prague, après avoir effectué la route de la mort : il rentra en France où sa famille découvrit avec un immense bonheur qu’il était vivant, mais dans quel état : 22 ans, 32 kg.

 

Il a perdu nombre de ses copains morts dans des conditions épouvantables… En rentrant, il affronta l’incompréhension d’une société qui voulait tourner la page, voulait refouler ces horreurs dont lui-même ne trouvait d’ailleurs pas les mots suffisants pour les décrire.

 

Epreuve difficile que vont vivre tous les déportés survivants et qu’il vivra douloureusement.

 

De retour affaibli, épuisé, malade, ses projets initiaux de faire une carrière d’officier de marine s’effondrent : il entra alors à la banque par la petite porte et fort d’une volonté d’acier, il décida qu’il y ferait carrière en en prenant tous les moyens : « j’ai survécu aux camps, je dois donc réussir dans la vie pour prouver que la vie est plus forte que la mort, et que les exterminateurs n’ont pas eu le dernier mot ».

 

Reconnu comme combattant de la première heure, il fut décoré de nombreuses médailles : croix de guerre, médaille de la déportation, de la résistance, des évadés et filiéristes, Combattant Volontaire de la Résistance, Forces Françaises Combattantes, Forces Françaises de l’Intérieur… La ville de Nancy le nomma citoyen d’honneur pour son action… Mais la reconnaissance qui surpassa toutes les autres et dont il fut le plus fier fut la légion d ‘honneur : chevalier à 30 ans, officier à 35 et enfin Commandeur en 1984, à 61 ans.

 

Membre des Services Spéciaux de l’Armée Française, il a servi la France durant toute sa vie active.

 

Il rencontra sa femme et ils se marièrent en 1950 : de cette union naquirent trois enfants. Ce foyer amoureux lui permit de retrouver goût à la vie, d’enfouir ses cauchemars effrayants qui perturbaient ses nuits, de se reconstituer une santé ; son métier le conduisit en Afrique, aux Antilles et dans divers lieux de France où la famille a déménagé en moyenne tous les 3 ans… Il acheva sa carrière en Bourgogne, pays d’origine de son épouse qui sut toute sa vie le comprendre et l’accompagner avec une sollicitude et une tendresse attentionnées sur le chemin de la reconstruction. La BNP qu’il quitta en 1983 comme Directeur Régional en Bourgogne l’éleva au rang de Directeur Honoraire : le défi qu’il s’était fixé était pleinement atteint !

 

Durant toute sa vie, il s’est mis au service du devoir de mémoire :

 

-          lecture de manifestes des associations de déportés UNADIF-FNDIR lors des journées nationales du souvenir des victimes et des héros de la déportation et journée nationale de la résistance

 

-          lecture des messages des ministres des anciens combattants lors des commémorations de la victoire du 8 mai 1945 aux monuments aux morts

 

-           participation en tant que jury d'honneur aux différents concours nationaux de la résistance et de la déportation instauré en 1961, ouvert aux collégiens de 3° et aux lycéens

 

       - conférences et débats avec des jeunes collégiens et Lycéens, au Rotary

 

     -  Enregistrement de témoignages pour le mémorial du Mont Valérien

 

 

Homme d’honneur, de principe, exigeant envers lui-même, soucieux de comprendre et d’apprendre à ses proches comment ce monde dans lequel nous vivons est capable du meilleur comme du pire, il a été pour eux un modèle unique, un Père d’exception, un exemple de courage : résistant de la première heure comme de la dernière, il s’est courageusement battu contre la maladie jusqu’à forcer l’admiration de ses soignants et de ses enfants et petits-enfants.

 

 

 

TITRES

 

 Commandeur dans l'Ordre national de la Légion d’honneur (1984) au titre de Déporté-Résistant, membre des Forces Françaises Combattantes (FFC - réseau SR-Kéber-Uranus)

Vétéran FFI

Croix de Guerre 1939-1945 avec palme (1958)

Croix du Combattant volontaire de la Résistance (1946)

Croix du Combattant 1939-1945

Médaille de la Déportation pour faits de Résistance

Citoyen d’honneur de la ville de Nancy (médaille d'or)

 

 

MEMBRE D’ASSOCIATIONS

 

Société des Membres de la Légion d’honneur (SMLH)

UNADIF-FNDIR

Union des FFI Région C

Association de soutien à l'armée française (ASAF)

Association nationale des médaillés de la Résistance française (ANMRF)

Comité de parrainage du Concours national de la Résistance et de la Déportation

Amicale des anciens déportés du camp de concentration de Sachsenhausen-Oranienburg

Amicale des Anciens Combattants (Côte d'Or)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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UNADIF - FNDIR