Jean-Pierre MEROLLI

 

Jean-Pierre MEROLLI vient de nous quitter le 31 juillet 2016, laissant dans l’affliction sa famille, ses amis et ses camarades de déportation auxquels il était très attaché, il était le Président départemental de l’ADIF-FNDIR du Gard.

 

ADIF 30 MEROLLI Jean-Pierre

Jean-Pierre MEROLLI, Déporté-Résistant

 

Jean-Pierre MEROLLI second d’une famille de 3 enfants est né à Sidi Bel Abbés le 10 août 1925, d’un père officier à la Légion Etrangère et d’une mère Cévenole qui lui inculquent l’amour de la Patrie et le devoir de la défendre.

Toute sa famille est atterrée par la débâcle de l’armée Française, la signature de l’armistice et l’occupation.

 

En 1941 élève de seconde au lycée, il réussit le concours d’entrée à l’école des Mousses préparatoire à l’école de Maistrance où étaient formés les officiers d’équipage de la Marine Française qu’il rejoint en avril 1942.

Au sein d’un groupe de jeunes gens refusant la défaite, il se prépare à agir contre l’occupant dès que l’occasion se présentera.

Novembre 1942, les allemands envahissent la zone Sud et Toulon pour s’emparer de la flotte forte de plus de 90 navires. Il participera à sa défense et assistera, la mort dans l’âme, au sabordage de toutes les unités

En décembre 1942, les écoles de Marine sont fermées. Il est alors placé en congé d’armistice.

 

Ne pouvant rejoindre l’Algérie Jean-Pierre MEROLLI et grâce à un officier marinier qui le soustrait à la tutelle allemande en lui trouvant une famille d’accueil, il est hébergé par Léopold PELATAN, élève de l’école, et  on lui établit de faux papiers.

Libre début décembre, il arrive à la Planquette, près de La Grand’Combe. Embauché à la Compagnie des Mines, il entre alors en Résistance et participe activement à plusieurs opérations de ravitaillement de clandestins jusqu’au mois de mars 1943.

 

Il ne répond pas aux autorités allemandes qui lui demandent de rejoindre le lycée de Rodez.

Ayant eu connaissance par l’officier marinier de Toulon d’une filière pour rejoindre l’Angleterre en passant par l’Espagne, le 20 mars 1943 ils tentent de franchir les Pyrénées à trois.

Après maintes péripéties, le 21 mars, ils contactent leur passeur près de Mont-Louis. Il ne peut pas les accompagner à cause de la neige tombée en abondance. Livrés à eux-mêmes, ils passent plusieurs postes allemands. Après avoir évité une patrouille de gendarmes français, ils sont arrêtés par la Feldgendarmerie et incarcérés à la prison de Mont-Louis.

 

Interrogé, malmené, ensuite dirigé vers la citadelle de Perpignan, à nouveau interrogé, puis pour Pâques 1943, envoyé au fort de Romainville à Paris, avant de rejoindre le camp de Royalieu à Compiègne, d’où le 8 mai 1943 entassés par 100 à 120 dans des wagons de marchandises, dans des conditions inhumaines, ils arriveront au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen.

A l’incorporation Jean-Pierre Merolli héritera du matricule 66 141. Après la quarantaine, il sera affecté au Commando Heinkel, usine d’aviation, où pendant 15 mois, il allait connaître la dure vie des concentrationnaires, et assister à la déshumanisation la plus complète de l’homme, à la discipline la plus féroce.

 

Après le bombardement de l’usine par les américains, il est expédié au camp de Buchenwald où il aura le matricule 61 126. Il subira des appels interminables, la faim, la soif, les coups, la vermine, les maladies, les épidémies et le travail harassant dans l’usine Messerschmitt à Leipzig, où il réussira avec courage à saboter des pièces qu’il est chargé de fabriquer. Tout sabotage était puni par la pendaison.

Il connaîtra le pire en avril 1945, les Marches de la Mort. Les SS sur les ordres d’Himmler avaient décidé de ne laisser aucun témoin de leur Génocide. Il parcourra plus de 600 Km en 26 jours de Leipzig à la frontière Tchécoslovaque. Partis à 2500 en convoi, environ 200 déportés connaîtront la Libération, tous les autres ayant été abattus d’une balle dans la tête par les SS.

Le 4 mai, il réussira une évasion miracle avec un camarade Victor Boullinguez. Libéré par les armées russes le 9 mai 45, il rentrera en France fin mai après 2 années d’internement. Très éprouvé, pesant 37 kg, il reprend le travail à le Compagnie des mines de La Grand’Combe où il construit sa carrière professionnelle. Il gravit  tous les échelons pour terminer comme  Chef d’exploitation adjoint à l’Ingénieur chef de service avant de prendre sa retraite en 1990.

 

Il épouse en décembre 1946 Madeleine Pélissier avec qui il aura un fils, Marc. Elle fut pour lui la compagne idéale qui le réconforta lors de ses cauchemars et angoisses et l’aida dans son retour à la vie et toutes ses entreprises.

 

Nous sommes et resterons admiratifs devant son comportement dans l’adversité. Il a connu la Déportation, cette terrible épreuve qui l’a profondément marqué. Il a trouvé dans ce passé l’énergie de vivre le présent en se rendant dans les lycées et collèges pour apporter aux jeunes générations son vécu, en particulier dans le cadre du concours national de la Résistance et de la Déportation et ce depuis plus de 30 ans.

Il fut pendant 9 années le président du CADIR (Comité des associations de Déportés Internés et Résistants) qu’il du abandonner pour raison de santé.

 

Son départ aujourd’hui laisse dans nos cœurs une infinie tristesse. La douleur qui nous étreint nous la partageons avec toute sa famille à qui nous renouvelons, nous ses compagnons, nos très sincères condoléances et nous les assurons de notre fraternelle affection.

 

 

 

Nous gardons de Jean-Pierre MEROLLI le souvenir d’un homme de conviction, de courage, de droiture, de dévouement et d’honneur.

 

Il était décoré de :

La Croix d’Officier dans l'Ordre national de la Légion d’Honneur,

La Médaille Militaire,

La Croix de Guerre 1939-1945 avec palmes,

La Croix du Combattant volontaire de la Résistance,

La Croix du Combattant,

La Médaille de la Déportation pour Faits de Résistance

et de nombreuses autres distinctions.

 

Jean-Pierre nous te disons au revoir.


 

 

 

 

 

 

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