Jean COLLART

 

Jean COLLART – Déporté-Résistant- nous a quitté le 18 janvier 2011.


 En 1943, âgé de 17 ans,  lycéen à Henri-Martin, parrainé par un camarade de classe (Jean Delacroix), il intègre le réseau de Résistance « Défense de la France » sous l’autorité de Jean Basquin. Il participe, notamment,  à la distribution de tracts et de journaux clandestins (Défense de la France, Libé-Nord, La France Libre) ;

Par ailleurs, il peut recueillir, facilement des renseignements sur les mouvements des troupes allemandes à Saint Quentin (02), du fait que l’école Jumentier, transformée, en partie, en local de garnison, est son lieu de résidence et est  dirigée par son père. Il transmet ces informations à Jean Delacroix ou au lieutenant Goyer, adjoint du capitaine Corette.

 Le 15 juillet 1944, son attitude étant jugé suspecte par un planton allemand, il est interpellé et fouillé. Les notes trouvées dans son portefeuille ne laissent aucun doute sur ses activités de résistant, il est donc dirigé vers la prison de Saint-Quentin, où il est interrogé durant plusieurs jours.

 Le 27 juillet, il est transféré au camp de Royallieu-Compiègne. Le matin du 17 août 1944, il en part avec d’autres compagnons, en camion, munis d’une boule de pain et d’un peu de nourriture offerte par  la Croix-Rouge

Le convoi se dirige vers le passage à niveaux du Vieux Moulin, où un train de wagons de marchandises les attend – c’est le dernier train en partance de Compiègne, qui arriva au KL Buchenwald, (d’autres partiront de différentes villes de France jusqu’au mois de novembre 1944)

Le regroupement de 1249 déportés se termine dans l’après midi, mais le train ne partira que le lendemain, et ce, malgré un accord intervenu avec les autorités allemandes mettant tous les détenus résistants des camps et prisons sous la responsabilité du Consul général de Suède à Paris.

 Entassés dans ces wagons, ils arriveront à Buchenwald, le 21 août, soit au bout de 3 jours  dans des conditions atroces, sans aucune nourriture et surtout, sans aucune boisson.

 Jean Collart devient alors le n° 81537.

 Après la quarantaine coutumièrement avilissante - totalement rasé, revêtu de la tenue rayée, démuni de tous ses objets personnels, il séjourne un mois dans cet enfer de crasse et de misère, baigné par la puanteur qui se dégage des fours crématoires. Par chance, pourrait-on dire, le camp de Buchenwald est alors en partie détruit par les bombardements alliés.

De ce fait, le 16 septembre, aux côtés de 700 autres déportés, il part dans un commando de travail à l’usine AGW d’Annen-Witten dans la Ruhr.

Tous, très affaiblis par la maigre nourriture, le sommeil quasi impossible, la dureté du travail, ils devaient encore subir des fouilles, des appels interminables, dans le froid intense de l’hiver ou sous le soleil de plomb de l’été. Et là, comme durant les heures de travail, les coups de schlagues pleuvent pour des motifs futiles.

 Jean Collart est libéré le 1er avril 1945 par les troupes américaines.

 Sur les 1249 partis dans le train du 18 août 1944, seuls 643 ont survécu à la Déportation et sont rapatriés, comme tous les autres Déportés survivants, dans un état de santé très précaire

 Jean Collart, de retour à Saint-Quentin le 24 avril 1945, pressé de passer la 2ème partie de son Baccalauréat, néglige une tâche suspecte au poumon. Il développe alors une tuberculose qui nécessitera l’ablation d’un poumon.

Son état de santé s’est rétabli lentement, mais ses nuits ont toujours été perturbées par des cauchemars le replongeant dans l’enfer des camps.

 A leur retour les Déportés ont créé des Associations dont le but principal est de faire connaitre les horreurs engendrés par le nazisme, afin que nul n’oublie et dise avec eux « PLUS JAMAIS CA »

De notre Association des Déportés, Internés et Familles de Disparus de l’Aisne, Jean Collart était l’un des Vice-Présidents.

 Jean Collart -pour ses actions de Résistance, qui lui ont occasionné les terribles souffrances de la Déportation- a hautement mérité d’être nommé Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, de recevoir la Croix du Combattant Volontaire de la guerre 39-45 -la médaille de la déportation pour faits de Résistance -la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance.

 Nous, les adhérents de l’ADIF de l’Aisne, lui disons, « Au revoir » et Merci pour avoir contribué à nous rendre une France libre.

 Nous présentons à son fils et à sa famille nos sincères condoléances et leur souhaitons beaucoup de courage pour faire face à son absence terrestre.


Mireille LEGRAND - DUFOUR                                               le 22 janvier 2011.

ADIF de l'AISNE

 

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