Jane DEBENEST
Jane Debenest est décédée à l'âge de 85 ans dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 septembre 2022.
Petite-fille du prix Goncourt Ernest Pérochon, fille du magistrat et résistant Dephin Debenest, qui avait participé au procès de Nuremberg jugeant les criminels nazis, Jane Debenest a inlassablement œuvré pour maintenir vivante la mémoire de la Déportation et de la Résistance.
Nicole Sibileau, présidente de l’Association des déportés, internés et familles de disparus des Deux-Sèvres. «Je suis très choquée par sa disparition. Jane Debenest était la présidente d’honneur de l’UNADIF-FNDIR 79 mais elle était plus que ça : elle disait que j’étais sa petite soeur de coeur. Nous étions inséparables, tout ce que nous faisions, nous le faisions ensemble : nos liens étaient très forts du fait que mon grand-père, mon oncle et son père, combattaient dans le même réseau de Résistance. C’était la grande famille des enfants de déportés et de résistants. Elle était infatigable et riche d’idées. Ces jours-ci encore, après le décès de la reine d’Angleterre, elle me disait qu’il faudrait déposer une gerbe pour remercier le Royaume-Uni d’avoir aidé la Résistance.»
Message de l'UNADIF-FNDIR
La Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance (FNDIR) et l'Union de ses Associations Départementales (UNADIF) sont en deuil car elles ont perdu en Jane DEBENEST, décédée le 14 septembre 2022, une femme libre et cultivée, éprise d'humanisme, une ardente combattante en faveur de la Mémoire de la Résistance et de la Déportation, dont l'action s'inscrivait tour naturellement dans la trace de son père Delphin DEBENEST, Déporté-Résistant, Procureur suppléant du Procès de Nuremberg fondateur de la notion de « crime contre l'humanité' et du droit pénal international.
Ancien Ambassadeur de France, Commandeur dans l’Ordre national de la Légion d'Honneur, notre amie Jane, appréciée de tous pour son discernement et son exigence intellectuelle, a occupé durant de longues années les fonctions de Présidente de l'UNADIF-FNDIR des Deux-Sèvres, et il convient de souligner le travail de mémoire considérable accompli par les membres de cette association départementale, les fonctions également de Vice-Présidente nationale de l'UNADIF en charge des questions d'éthique, et de membre du Jury national des correcteurs du Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD).
L'UNADIF-FNDIR, ses déportés, internés et résistants et leurs descendants savent qu'ils doivent beaucoup à Jane DEBENEST, à son sens du devoir et à l'exemple qu'elle incarne pour avoir sans relâche assurer la défense et la pérennité des valeurs universelles de Liberté, d'Egalité, de Fraternité.
En cet instant, ils veulent rendre un dernier hommage respectueux et ému à leur amie Jane dont ils garderont le souvenir d'une femme engagée, attachée aux valeurs républicaines, profondément marquée par la figure et la personnalité de son père.
Les obsèques de Jane Debenest se dérouleront le lundi 19 septembre 2022 à Echiré, sa commune.
Au nom du Conseil d'administration,
Jean-Marie-Muller, Président de l'UNADIF-FNDIR
Quelques réactions après le décès de Jane Debenest, ancienne Vice-Présidente Nationale UNADIF-FNDIR et Présidente honoraire de l'UNADIF FNDIR 79
Politiques et représentants d'associations des Deux-Sèvres sont nombreux à exprimer leur émotion, ce mercredi 14 septembre 2022, après le décès de Jane Debenest.
Christian Le Guet, président de l'Association des déportés, internés, résistants, patriotes des Deux-Sèvres. «Notre compagne de travail de mémoire auprès de la jeunesse, notre compagne de mémoire aux cérémonies de la Déportation, de la Résistance, nous a dit "adieu". Elle rejoint Viviane Favreau, autre figure de descendants de Résistants, envolée en 2016. Ces deux-là se chamaillaient et construisaient ensemble, entre autres les Veillées de la Déportation place de la Brèche. Une grande dame de caractère, de conviction, nous quitte. Salut à toi, Jane !"
Une femme de caractère. Elle n'a jamais mis un genou à terre
Bernard Audusseau, président de l’UDAC 79 (Union départementale des associations d’anciens combattants et victimes de guerre. «C’est une très grande dame qui disparaît et une page d’Histoire qui se tourne. Jane Debenest a accompli un travail remarquable, notamment avec des expositions, comme celle au Palais de justice de Niort à l’occasion des 70 ans du procès de Nuremberg. Quand elle vous parlait, vous sentiez une flamme l’animer. Je retiens sa gentillesse : chaque fois que j’allais chez elle, c’était avec émotion, et en même temps c’était une femme de caractère. Elle n’a jamais mis un genou à terre.»
Coralie Dénoues, présidente du Département. «Je tiens à saluer la mémoire d'une combattante de la paix. Elle a été une voix contre l'oubli de la sombre histoire des camps de la Déportation. Femme brillante à l'instar de son grand-père Ernest Pérochon et de son père Delphin Debenest, elle est partie rejoindre Ida Grinspan, autre voix deux-sévrienne entrée en résistance contre l'oubli, décédée il y a quatre ans. Désormais, le plus bel hommage que nous puissions lui rendre est sans nul doute de continuer à raconter à nos enfants, grâce à l'école, au cinéma, aux livres... la Seconde Guerre mondiale.»
Jérome Baloge, maire de Niort et président de la communauté d’agglomération du Niortais. « C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris ce matin le décès de Jane Debenest. Figure engagée de la vie niortaise, elle n’a eu de cesse de nous aider à ne jamais oublier les tragiques heures de la Seconde Guerre mondiale. Femme passionnante et attachante, elle savait mieux que personne nous relater la vie de celui qu’elle appelait “ grand-père ”, Ernest Pérochon.
Nous lui avions rendu ensemble il y a peu un hommage républicain. Mes pensées vont à sa famille et à ses proches. »
Delphine Batho et Jean-Luc Drapeau, députée et ancien député des Deux-Sèvres. « C'est un honneur d'avoir connu Jane Debenest et d'avoir été de ses amis. Sa disparition nous affecte profondément. Elle a consacré son énergie à défendre la mémoire des déportés Résistants, comme présidente de l'Adif mais aussi à l'échelle nationale comme vice-président de l'Unadif. Jane était aussi une femme d'une grande culture. Elle portait un regard vif et inquiet sur les urgences de notre époque. Elle défendait avec détermination et constance les valeurs humaines et républicaines, l'émancipation des femmes, le combat contre toute forme de totalitarisme et l'amour de la France. Commandeur de la Légion d'honneur, elle a inscrit son propre nom dans l'histoire départementale, au-delà du prolongement de la mémoire de ceux de son père et de son grand-père. Elle laisse la marque d'une femme inspirante.»
Thierry Devautour, maire d'Echiré. « C'est une personnalité très importante pour la commune qui disparaît, de par l'ensemble des responsabilités qui ont été les siennes aussi bien professionnelles que pour la mémoire de la Résistance. Et toute sa famille l'est aussi : la médiathèque porte par exemple le nom d'Ernest Pérochon. Jane Debenest était présente dans la commune autant qu'elle le pouvait. Et quelle que soit la forme que prendront ses funérailles, la commune s'y associera.»
Nathalie Lanzi, Elodie Truong, Cathy Girardin et le Parti socialiste 79. « Nous souhaitons rendre hommage à la femme d’exception qu’était Jane Debenest. Parmi les rares femmes diplomates de sa génération, elle avait un tempérament de pionnière au caractère marqué par une volonté en acier trempé, le sens de l’engagement au service des droits humains et de son pays au plus haut degré de la fonction et bien au-delà du seul sens du devoir. Curieuse de toutes les cultures, des cultures orientales en particulier, elle avait une incroyable expérience sensible du monde et un altruisme très fort. Son analyse, sa clairvoyance et son regard acéré sur l’histoire, son acuité, sa pertinence à commenter l’actualité et le cours des choses manqueront à nos discussions en marge des commémorations et cérémonies en souvenir des déportés et de l’action de la Résistance pendant la Seconde guerre mondiale. Cette mission elle l’a portée sans relâche, sans compromis, pour ne jamais oublier ceux qui nous avaient défendus, ceux qui avaient laissé leur vie pour notre liberté de ce jour. Ne jamais oublier, ne jamais renoncer, une de ses devises. Sa mémoire nous oblige, et nous serons attentifs à ce que le souvenir de celles et ceux qui ont combattu pour une France libre, une France des droits de l’Homme, soit préservé. Sympathisante de gauche assumée, nous veillerons, à notre endroit, à défendre les valeurs républicaines, la laïcité, la justice sociale avec la constance dont elle faisait preuve. »
SOURCE :