Gilbert PUBILL

 

 

Eglise de Dun, Ariège (09)

 

vendredi 18 mai 2012

 

Obsèques de Monsieur Gilbert PUBILL

(1922-2012)

 

 

 

Texte de l'allocution rédigé par

Madame Renée FRANC, institutrice à la retraite,

à qui notre compagnon avait accepté de livrer,

avec quelques réticences et beaucoup d'émotion, en avril 2005,

des bribes de ces heures douloureuses,

" pour avoir une trace, par devoir de mémoire, "

 

 

 Allocution prononcée, en l'église de DUN,

le vendredi 18 mai 2012,

par Monsieur le Colonel Jean MAUGER,

Président de la Société des Membres

de la Légion d'Honneur de l'Ariège

 

 

Gilbert PUBILL est né à DUN le 4 janvier 1922

 

 

Lorsque sa mère décède, il a 2 ans et sa sœur Denise 4,

privés d'amour maternel, ils ont tous deux été élevés par leur père

« Diégue » papa très méritant.

 

Le 9 décembre 1942, Gilbert s'engage dans la Résistance,

avec son camarade Robert MARTIN, ils décident de rejoindre

l'Armée française en Algérie en passant par l'Andorre.

Une patrouille allemande leur tire dessus dans les vallées d'Aston,

le 16 mars 1943, ils échouent près du but.

 

 

Prisonniers ils sont conduits aux Cabannes ,

puis à Toulouse (Prison militaire),

à Fresnes, puis à Compiégne (Oise),

de ce camp de transit le 28 avril 1943,

c'est le départ vers l'Allemagne en wagon à bestiaux,

Ils sont débarqués à 30 kms de Berlin,

au camp de concentration d'Oranienbourg - Sachsenhausen.

 

Sur le pignon des blocks cette devise :

« il est un chemin vers la liberté »...

Pourtant le camp a sa prison,

sa potence pour les exécutions publiques,

son crématoire, une chambre à gaz...

 

Au camp, mise en quarantaine,

attribution d'un n° matricule (64715 pour Gilbert),

ensuite tri des prisonniers, étant ajusteur-soudeur,

Gilbert est dirigé vers l'usine d'aviation en dehors du camp,

Il est alors séparé de son compagnon d'infortune.

 

Il y restera deux ans.

La vie au camp est très dure.

 

Lever à 5h du matin, légère collation, puis travail jusqu'à 9 h du soir

avec arrêt d'une demi heure pour une maigre pitance,

travail pénible avec des coups, des injures, des brimades,

puis le retour au camp pour la nuit.

 

A plusieurs reprises,

à partir du 18 avril 1944 le camp et l'usine

sont bombardés par les anglos-américains :

gros dégâts dans l'usine d'aviation et les baraquements alentours,

morts et blessés chez les déportés.

 

Les russes approchent de Berlin :

le 21 avril 1945, c'est l'évacuation du camp avec pour chacun des déportés

un peu de pain et de margarine et quelques couvertures,

c'est « la marche de la mort »,

harcelés par les chiens et les matraques des S S.

Tous ceux qui s'écartent du convoi, qui flêchissent ou trainent sont abattus.

Marche interminable le long des routes (la peur et la faim au ventre)

dans le froid, la pluie.

Haltes dans les cours de fermes, les bois.

Après 11 jours d'errances et de souffrances, le 2 mai 1945

les russes trouvent les survivants, dont Gilbert fait partie, dans un bois.

 

Ils les remettent aux américains, les américains aux canadiens,

les canadiens aux anglais, puis Gilbert, depuis Arras

regagne en train Toulouse le 20 Mai 1945.

 

Joie des retrouvailles avec Denise sa sœur, son père,

les amis de Dun aprés deux longues années de détention.

Il avait alors 23 ans et pesait 40 kilos.

 

 

Son meilleur souvenir :

 

Lorsqu'au repos, couché dans les chalits en planches de 3 étages

et qu'il n'y avait pas de bombardements, il pouvait faire 

la chasse aux poux et aux punaises.

 

 

Son plus mauvais souvenir :

 

Les atrocités et les souffrances de la marche de la mort.

 

 

Qu'est ce qui lui a donné la force de vivre et de lutter ?

 

Sa jeunesse, l'espoir d'être libéré mais aussi la solidarité

et l'entraide des prisonniers français.

 

 

Que lui a appris la déportation?

 

Cela l'a renfermé sur lui même, il n'a pas parlé de toutes ces horreurs,

la vie ne l'a pas gaté.

 

 

Pourquoi n'a-t-il pas parlé ?

 

C'était trop dur, les gens ne l'auraient pas cru,

il a livré quelques détails à la famille, c'est tout,

il a eu du mal à se reconstruire.

 

 

 

De 1946 à 1977 Gilbert PUBILL assure sa fonction de douanier ,

Renée et Colette ses enfants naissent

de son union avec Simone qui décéde en 2009 .

 

 

 

Ses distinctions

 

Décoré dans l'Ordre de la Légion d'Honneur

 

Médaille Militaire

 

Croix de guerre avec palmes

 

Médaille de la Résistance française

 

Médaille du Combattant Volontaire

 

Médaille du Combattant Volontaire de la Résistance

 

 

 

 

C'est avec une très profonde tristesse et une grande émotion

que notre groupe d'amis de l'ADIF de l'Ariège se sépare de

toi, notre compagnon, si simple, si humain.

 

Nous ne t'oublierons jamais.

 

 

 

pour l'ADIF de l'Ariège

le Président Marc SAUVAGET

 

 

 

 

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