Gilbert MAY

 

ADIF 67 gilbert may

Gilbert May, Déporté-Résistant

 

Gilbert May est décédé le 12 octobre 2013 à l'âge de 88 ans.


  Gilbert était né le 14 février 1925,  sa famille, juive et strasbourgeoise, s’était réfugiée dans le Cher en 1940.


  L’université de Strasbourg s'est repliée en zone libre, à Clermont-Ferrand, Gilbert devient étudiant dans la capitale auvergnate, en faculté de droit. « D’esprit résistant », comme il se définissait lui-même, il rejoint le mouvement « Libération Sud » en 1943 et intègre un maquis du département de la Creuse.


 

Sa famille a également beaucoup souffert de la répression : son père, résistant a été fusillé par la Milice à Saint-Amand-Montrond (Cher), son frère, résistant a été arrêté puis abattu dans une prison près de Cologne.


 

En 1944, il est membre du maquis « Cher Sud », « compagnie Surcouf ».

Le 19 juillet 1944, lors d’un combat avec les Allemands, une balle lui traverse la gorge, blessé il est fait prisonnier. Il a 19 ans.

« J’ai passé une semaine entre les mains de la Gestapo. Je me faisais appeler Jean Michot. Heureusement, ils n’ont pas remarqué que j’étais juif… Sinon, ça aurait été Auschwitz, ou une balle dans la tête. »


Au lieu de ça, c’est le départ pour le Struthof. Le voyage en train dure deux jours et demi (il est retardé par une attaque de maquisards), sans manger ni boire. « Nous étions 100 par wagon, 50 couchés, 50 debouts. On inversait toutes les deux heures. »


Dès l’arrivée au camp, vers le 20 août 1944, le message est clair : « On nous a dit : ‘‘Vous entrez par la porte, vous sortirez par la cheminée !’’ Puis, on nous a fait descendre à la douche, à côté du crématorium. On sentait des odeurs, je ne savais pas ce que c’était. On nous a mis à poil, on nous a rasés. Dès ce moment, pour eux, nous n’étions plus que des ‘‘Stück’’, des trucs… ».



Conçu pour 2 500 personnes, le Struthof abrite alors plus de 7 000 détenus. Qui sont tués par les travaux dans la carrière, les appels incessants (trois par jour, un de plus qu’à Dachau), les maladies, la nourriture quasi inexistante (à midi, soupe aux choux sans chou, le soir cent grammes de pain, rondelle de saucisse et une sorte de café).

Paradoxalement, sa blessure à la gorge (qui n’avait été soignée que par un pansement que possédait son frère) sauve Gilbert : « J’ai réussi à entrer à l’infirmerie au bout de deux jours. Du coup, je ne travaillais pas. Seuls sont revenus ceux qui avaient de la chance. »

Gilbert reste moins de quinze jours au Struthof : le camp est évacué début septembre devant l’avancée des Alliés libérateurs.

Gilbert est envoyé à Dachau, d’où il ne sera libéré qu’en avril 1945. « Le principe était le même, mais le grand choc, je l’ai vécu au Struthof. Car c’était la première fois… »


Après son retour de déportation, en 1945, il s’est tu, pendant une quinzaine d’années. Il était vital de passer à autre chose. Il mènera carrière dans les affaires et restera impliqué dans le monde des anciens combattants et des anciens résistants et déportés.

Puis, il est devenu tout aussi vital de témoigner.



Il sera vice-Président des anciens déportés de Dachau, trésorier général national de l’ nationale des déportés, internés et familles de disparus (UNADIF) et de la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (FNDIR), Président départemental du Bas-Rhin de ces deux associations… Il sera également très actif dans la transmission de la mémoire, participera au concours national de la Résistance et de la Déportation, interviendra sans cesse dans les collèges et les lycées.

 

 

« Je me rends dans une dizaine d'établissements scolaires par an, sans compter les visites sur le site du Struthof. C’est douloureux, il y a toujours quelque chose qui remonte. Mais il faut le faire, c’est indispensable. Il faut se battre pour dire aux jeunes que leur liberté, ils la doivent à des personnes qui sont mortes pour elle. Et ça les intéresse… Quand je sors d’un collège, je suis regonflé ! »

 

Il y a encore quelques mois, Gilbert disait :

"Aujourd’hui, il ne reste que très peu de survivants du camp nazi d’Alsace. C’est pourquoi je dois toujours parler. Et ce que je veux absolument dire, c’est que le mot le plus important, c’est le mot tolérance."

 

 



Gilbert était Officier dans l'Ordre national de la Légion d’honneur, Commandeur dans l’Ordre national du Mérite, Médaille d'Argent Jeunesse et Sport.

Titulaire de nombreuses décorations, dont la Médaille militaire, la Croix de guerre 1939-1945, la Croix du Combattant, la Croix du Combattant volontaire, la Croix du Combattant volontaire de la Résistance, la Médaille de la Déportation pour faits de Résistance, la Médaille des Blessés de guerre.


Marié, il était père de deux fils, quatre fois grand-père et huit fois arrière-grand-père.


 

François Perrot, Président national de la FNDIR,

Jean-Marie Muller, Président national de l'UNADIF,

les membres des Bureaux nationaux et des Conseils d'administration FNDIR et UNADIF ainsi que l'ensemble des membres de la FNDIR et de l'UNADIF très attristés par sa disparition expriment leurs plus profondes et plus sincères condoléances à son épouse, ses fils, petits-enfants, arrière petits-enfants et à toute sa famille.


Gilbert a été inhumé  mercredi 16 octobre 2013 à 11 h au cimetière de Strasbourg-Cronenbourg.

 

 

 

 

Hommage à Gilbert MAY de Jean-Marie MULLER

 

 

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