Georges BILLARD

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Georges Billard, Déporté-Résistant

 

 

Georges Billard, Déporté-Résistant, membre du Conseil d'administration de la FNDIR, nous a quittés, mercredi 30 novembre 2016, à l'âge de 96 ans.


Voici un texte de sa main qu'il avait rédigé il y a peu de temps


 

Né le 1er mai 1920, engagé volontaire en septembre 1939 avec mon frère Pierre, né en 1921, nous sommes nommés aspirants le 10 avril 1940. Le 18 mai suivant, mon frère est tué sur le front de Lorraine. Quant à moi, je réponds « présent » à l’appel du général de Gaulle le 18 juin 40. Sur la demande de mes parents, je reste en France et organise un groupe d’évasion de prisonniers de guerre, puis d’Alsaciens et de Lorrains, désirant rester en France libre, et de requis par le STO.


En mai 1943, je monte au Maquis du Vercors, où se trouve l’abbé Pierre, espérant un débarquement pendant l’été. En septembre 43, je demande ma mutation dans un service de renseignement. Affecté au Réseau Jacques-OSS, je participe à la préparation du débarquement de l’armée américaine en août 44.


Vendu à la Gestapo par mon meilleur ami, je suis arrêté le 24 avril 44 à Chambéry, puis transféré à Lyon, à Montluc. Interné au Réfectoire, transformé en cellules, nous sommes là une cinquantaine, si mes souvenirs sont bons. Interrogé et torturé deux fois, je suis condamné à mort, comme 4 camarades du Réseau. Au lieu de nous fusiller, on nous envoie, fin juin, au camp de concentration de Neuengamme (près de Hambourg).


En mai 45, tous ceux qui peuvent encore marcher sont dirigés sur Lübeck pour être placés sur des bateaux en rade, avec des SS armés de mitrailleuses. Lorsque les avions anglais survolent la rade, les SS tirent sur les avions qui ripostent en coulant les bateaux. Résultat : 7 000 déportés morts noyés ! …


Ceux qui sont trop affaiblis pour marcher jusqu’à Lübeck sont mis sur des wagons et envoyés à Bergen-Belsen, où la chambre à gaz et le four crématoire sont en état de marche permanente. C’est mon cas… mais un avion anglais survole le train. Les soldats allemands le mitraillent sans le toucher. Le pilote ne réagit pas et continue de survoler la ligne de chemin de fer. Trente kilomètres plus loin, le pilote détruit un pont d’une bombe. Pendant que le train parcourt ces 30 kilomètres, l’avion fait un grand demi-tour ; puis le train étant à l’arrêt, il le survole à basse altitude, lâche toutes ses bombes et tire avec toutes ses mitrailleuses. Beaucoup de morts et de blessés. Moi, rien !


Le train repart en marche arrière jusqu’au Stalag XB, où il y a peu de prisonniers de guerre. Tous ont été rassemblés dans une moitié du camp, isolée par des barbelés. On nous installe dans l’autre moitié. Trois semaines plus tard, l’armée anglaise nous libère. Conduit dans un hôpital canadien, j’y suis très bien soigné pendant plusieurs semaines. A mon arrivée à Paris, le 17 juin 45, je pèse 37 kilos pour une taille de 1m78. Ne pouvant marcher seul, il me faut l’aide de deux personnes pour y arriver. C’est alors que je retrouve mon père, interné à Fresnes, libéré sous condition pendant 15 jours et qui n’a pas été repris ; ma mère, rapatriée de Ravensbrück, et ma soeur, la seule de la famille qui n’a pas été arrêtée par la Gestapo.


Après plusieurs mois de convalescence, sur les conseils de l’abbé Pierre, je sollicite mon admission dans l’armée active. Par décret du 12 juin 46, je suis affecté comme lieutenant d’artillerie au 15ème régiment d’artillerie divisionnaire, à la Fère (Aisne). Je quitte l’armée le 9 août 47.


Attaché de direction générale au Groupement d’importation des produits sidérurgiques, je suis en parallèle des cours de l’école d’organisation scientifique du Travail. Devenu ingénieur en organisation, je travaille dans divers cabinets. Comme il y a déjà deux dénommés Billard dans la profession, je me fais appeler Billard-Madrières, par rajout du nom de jeune fille de ma femme.


Dans l’un de ces cabinets, le patron exigeant que tous les ingénieurs suivent un séminaire de relations humaines, je le fais bien volontiers. Un lundi matin, à l’improviste, il me demande de remplacer l’animateur du séminaire, atteint d’une extinction de voix. Le vendredi soir suivant, tous les participants ont trouvé que j’avais été un très bon psychologue ! A partir de ce jour, je dirige des séminaires de relations humaines, puis divers autres de psychologie, avec le titre de psychologue. Finalement, je m’installe en indépendant. Après un stage de morpho-psychologie, je restructure mes connaissances qui dataient d’avril 41 et je les utilise dans ma pratique. Puis je crée une association pour promouvoir cette technique. Ceci jusqu’en 92, année où je décide alors de prendre ma retraite, à 72 ans !


Actuellement, je consacre mon temps à aider mes amis, anciens résistants et déportés, dans le cadre de différentes associations : l’Association nationale des combattants volontaires de la Résistance (ANCVR), le Club 18-Juin (comme vice-président des deux) et la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (FNDIR).

 

 

 

L'UNADIF-FNDIR renouvelle ses plus sincères condoléances à toute sa famille

 

 

 

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