Claude BAUD

Brossac, le 8 août 2014

J’ai le triste privilège, au nom de l’Association des Déportés, Internés et Familles de Disparus de La Charente, de rappeler le parcours particulier et douloureux de Claude Baud, Résistant et Déporté, notre camarade de misère pendant une période tragique de notre Histoire.

Claude est né le 14 septembre  1922 à Talence, en Gironde.

Lorsque, en 1940,  la France subissait la défaite et l’occupation allemande, il était étudiant et n’avait pas encore 18 ans, il habitait chez ses parents à Paris dans le 18ème arrondissement.

Il se destinait à la profession d’enseignant en préparant le Brevet Supérieur d’Enseignement et adhérait à la Jeunesse Etudiante Chrétienne (J.E.C.) formellement interdite par l’occupant.

En 1943, il est requis au titre de S.T.O.  il n’a pas de contact pour éviter ce départ et étant, comme étudiant, autorisé à choisir son point de chute, il effectue de maintes démarches pour ne pas travailler au profit de l’industrie de guerre allemande. Ainsi, il est dirigé vers  Cologne, pour assurer la fonction d’homme de peine dans un restaurant dont les patrons s’avèreront être  antinazis.

Une liberté de mouvement lui permet de se réunir avec des compatriotes dans une aumônerie clandestine. Ce groupe « Cologne Centre » dépendait des groupements clandestins d’Action Catholique en Rhénanie.

Ses activités consistaient à :

L’encadrement des requis et le noyautage des usines et des camps

Le maintien du sens français et patriotique

La lutte ouverte et cachée contre toute propagande nazie

L’organisation d’évasions de prisonniers à Cologne et Aix la Chapelle

(des activités très courageuses, en pays ennemi, qui encouraient des risques énormes, des faits de résistance, longtemps méconnus, qui ont été certifiés par Edmond Michelet, ancien déporté et Ministre des Armées)

Suite à la trahison d’un Français infiltré dans son groupe, il est arrêté par la Gestapo sur son lieu de travail le 7 août 1944 et n’a pas eu le temps de se réfugier, comme il était prévu, dans la banlieue de Cologne, chez un couple allemand antinazi.

Incarcéré à la prison de Brauweiller avec tout son groupe de résistance, puis, en cellule et au secret, dans un camp de transit, il  est transféré le 16 septembre 1944,  au camp de concentration de Buchenwald jusqu’au 12 novembre.

Il n’est plus Claude Baud mais le matricule 81 804 qui rejoindra le terrible  Kommando de Langenstein dépendant  de Buchenwald.

Il a connu, avec ses camarades, la grande misère : les « transports » en  wagons à bestiaux, les  appels interminables par tous les temps pour être comptés et recomptés  par les gardiens accompagnés de chiens féroces, la faim, la soif, il a subi les coups, les travaux exténuants qui avaient pour but d’anéantir  tout ce qui ne correspondait pas aux normes nazis.

A partir du 31 janvier, son état de délabrement physique lui permet d’être accepté au revier, il a la chance  d’être miraculeusement épargné du « transport des malades » au camp principal dont on ne revient pas.

Le 11 avril 1945, l’Armée américaine libérait les rescapés. Il est évacué vers un hôpital de campagne du 18 avril au 15 mai puis transporté par avion sanitaire à la base américaine de Mourmelon, ensuite, à l’hôpital de Tenon et de Bichat à Paris.

Son état de santé ne lui permet plus d’accéder à son projet de poste d’enseignant et en 1947 il commence à travailler au Mont Valérien.

En 1948, il épouse Germaine qui l’a toujours soutenu. Ils fondent, ensemble, une belle et grande famille.

Pour cause d’invalidité il cesse ses activités professionnelles en 1977 puis bénéficié de sa retraite en 1982.

Malgré un état de santé fragile il se dévoue au service des collectivités, ainsi, en 1959, il est élu Conseiller municipal à Fosses (Val d’Oise), où il fera deux mandats jusqu’en 1971.

En 1964, il entre au Conseil de l’Association Populaire « FAMILIA » qui a pour but d’organiser l’occupation des jeunes de Fosses, il en est le Président jusqu’en 1984.

A son arrivée en Charente, il propose spontanément ses services à notre Association dont il est membre du conseil d’administration depuis 1990.

Très attaché au devoir de Mémoire, il a présenté de remarquables expositions sur la déportation.

Depuis de nombreuses années, avec son épouse et des membres de sa famille, il accompagne des jeunes gens au Kommando de Langenstein. Sur ces mêmes lieux, où il a tant souffert, il apporte son témoignage à de jeunes Allemands, sans haine  mais aussi sans oubli.

Claude était très fidèle à ses amis déportés et à la mémoire des disparus, fidèle à ses engagements et à la devise des déportés :

NI HAINE NI OUBLI

Nous n’oublierons pas notre ami Claude.

La Nation reconnaissante l’a fait Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur, lui a attribué la Médaille Militaire, la Croix de Guerre avec palme, la Croix du Combattant 1939-1945, la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance , la Médaille de la Déportation pour Faits de Résistance.

A sa chère épouse, ses enfants, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, à toute sa famille, l’Association Départementale des Déportés, Internés et Familles de Disparus  présente ses très affectueuses condoléances.

 

Andrée GROS

Présidente de l'ADIF de La Charente

Secrétaire générale adjointe nationale de la FNDIR

 

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