Entretenir la mémoire des résistants et des victimes du nazisme

Entretenir la mémoire des résistants et des victimes du nazisme

 

Cotentin :

 

Il se bat pour entretenir la mémoire des résistants et des victimes du nazisme


Dans le Val-de-Saire, Yves Sassignol est marqué par l'histoire de son grand-père, résistant, qui fut déporté suite à une dénonciation familiale. Il en a fait le combat de sa vie.

 

Dans le grenier de la maison familiale, Yves Sassignol a retrouvé la carte de déporté-politique de son grand-père maternel, Julien Hardy, mort au camp de Mauthausen en Autriche.


Yves Sassignol, originaire du Val-de-Saire, porte sur ses larges épaules le destin funeste vers lequel son grand-père Julien Hardy, père de cinq enfants, a été précipité le 27 février 1943.



Un résistant dénoncé par ses proches


Julien Hardy, bûcheron de profession, né à Valognes en 1904, est arrêté par la Gestapo sur dénonciation de ses proches à la maison familiale située rue Inkerman à Cherbourg.
Julien Hardy avait 39 ans lors de son arrestation.


" Ma mère, fille de Julien, avait 8 ans le jour de son arrestation. Comme nombre de nos compatriotes, elle n’a jamais évoqué cette période. C’est au moment de son décès que, dans le grenier, j’ai retrouvé des documents et des courriers qui relatent toute cette période », explique Yves Sassignol.


« Durant l’Occupation, Julien avait des activités isolées au sein de la résistance française locale avec un petit groupe de camarades. Son arrestation par la Gestapo est bien l’amer fruit d’une dénonciation familiale. Après un séjour de quelques jours à la prison de Cherbourg, il est transféré à celle de Caen pour y subir un interrogatoire musclé ».
Très rapidement, il est envoyé dans le camp d’internement de Royallieu à Compiègne, dans l’Oise.

 

Envoyé dans un camp en Autriche


Les étapes s’enchaînent et la dernière, pour Julien Hardy, prend la direction du camp de Mauthausen en Autriche. « Les prisonniers de Compiègne montent alors à bord d’un train, dans des wagons de marchandises, dans le cadre de l’opération Aktion Meerschaum (écume de mer). Pour la France, deux transports sont partis de Compiègne à destination de Mauthausen en avril 1943 ».


Le premier de ces deux transports comprenait au moins 994 hommes dont Julien Hardy et trois camarades de la région : Jules Lejuez d’Hainneville, Hippolyte Olivier d’Equeurdreville et Jules Letterier de Fermanville.
Arrivés sur place, ils sont intégrés au Kommando du Loibl Pass dont l’objectif est le percement d’un tunnel dans la montagne frontalière de la Slovénie.


" Mon grand-père Julien a toujours résisté, même une fois déporté dans le camp de Mathausen. Des témoignages ont été recueillis dans le cadre du procès de Nuremberg. En octobre 1944, le kapo du camp le frappe violemment. Son visage méconnaissable n’était plus qu’une plaie. »


Une fois le camp libéré en 1945, la mère de Julien a reçu un courrier écrit de la main de l’un de ses camarades, Léon Picot, de Bayeux.
"Julien était mon grand camarade de misère. Sa tête et la mienne ne faisaient qu’une. »


D’autres courriers ont été trouvés par Yves Sassignol dans une boîte en fer-blanc abandonnée dans le grenier familial.

 


« Entretenir la mémoire »

 

Yves Sassignol, président de l’association de Déportés, Internés et Familles de disparus de la Manche, milite pour la mémoire de son grand-père.


Julien Hardy a été déclaré officiellement mort en 1957, donnant ainsi à son épouse la possibilité de bénéficier d’aides pour subvenir à l’éducation de ses cinq enfants, dont la maman d’Yves Sassignol, qui s’attache depuis maintenant 25 ans à honorer la mémoire de ces déportés.


« Je suis maintenant président de l’Association de Déportés, internés et familles de disparus de la Manche (ADIF). Nous oeuvrons en faveur de la mémoire des familles de déportés. Je suis également membres de la Fédération des Anciens Combattants. Et je regrette les difficultés que nous rencontrons pour célébrer ensemble la Journée du souvenir de la Déportation qui se déroule au mois d’avril ».


Reste que localement, à Fermanville, une stèle en mémoire de ceux qui ont souffert du nazisme a été érigée à l’initiative d’un Fermanvillais.
" Cette stèle rend hommage aux travailleurs forcés d’Europe de l’Est qui ont contribué à édifier les blockhaus de Fermanville. Ils étaient prisonniers dans des camps sur la commune. »


" Régulièrement, une cérémonie, suivie d’un moment de recueillement, est menée par Madame le Maire, Nicole Belliot-Delacour, et des représentants d’Anciens combattants. « Je les remercie pour cette action en faveur de la mémoire des victimes du nazisme dont fait partie mon grand-père, Julien, ainsi que Jules Letterier, Fermanvillais ».

 

 


Contact : Yves Sassignol, président de l’UNADIF-FNDIR de la Manche

5 - la Godheuserie

50330 Carneville

Téléphone : 06 85 53 48 69

Courriel : sassignol.yves@orange.fr

 

 

 

©La Presse de la Manche - 23 juin 2020, de notre correspondante Nathalie BONNEMAINS

 

UNADIF - FNDIR